dimanche 19 mars 2023

Parfois la travail social...

Parfois, le travail social c'est de la dentelle, c'est fin et juste, ça prend le temps, ça ne s'affole pas mais ça s'engage pour l'autre, avec l'autre, parfois à la limite nécessaire de ce qui est autorisé. Ça ne se prend pas au sérieux mais c'est sérieux...C'est investie, c'est habité...Ça prend le risque avec et pour... Ça crée, ça
bricole, ça s'adapte, ça joue de l'imprévu, de l'instant, du moment, de la spontanéité, ça capte le détail pour ancrer la relation. Ça défis l'équilibre, c'est l'équilibre dans le déséquilibre...Ça sent, ça ressent...Vraiment c'est de la dentelle... Faut le voir, c'est beau. L'oeil aiguisé sait que c'est juste ! Ça touche fort...Tout le monde peut, sait le faire franchement pas sûr... J'admire. 

Parfois, le travail social c'est brouillon, c'est poussif, ça balbutie, ça bégaye...Ça se prend au sérieux sans prendre au sérieux, ça technicise, ça diagnostique, ça expertise... Ça compte, ça chiffre, ça évalue, ça se place au-dessus, ça sait au motif d'être professionnel....ça croit savoir...ça défait...ça s'enlise... En vrai, ça normalise ça ne prend pas de risque, ça sort les parapluies pour se protéger, ça ne tient pas compte du temps de l'autre au détriment de la relation...Alors ça signale, ça place, déplace, replace, ça s'affole, ça s'effrite, ça affirme, ça objective l'inobjectivable pour se rassurer, pour se protéger. C'est fade, c'est planqué, ça tire la couverture. Je déteste. 

Jérémy 


mercredi 15 décembre 2021

TOI PETIT TRAVAILLEUR SOCIAL :

Toi petit travailleur social à quoi contribues-tu ?


Du haut de toute ta solidarité tu as d'abord pensé changer le monde. Alors tu t'es dis que tu pourrais la mettre au profit d'un métier, qui sur le papier sonne comme un appel à l'utopie.
Tu vas vite t'interroger quand tu vas te rendre compte que tu serviras surtout à gérer des usagers, à te faire manager pour être efficace, efficient...
Tu comprendras pas tout, quand tu devras rationaliser tes pratiques à coup : de méthodologie, d'objectifs de programmes, d'évaluations quantitatives. Ca te fera chié mais bon... Tu tenteras d'y trouver du sens...
Et puis c'est comme ça...
Toi petit travailleur social, tu commenceras à gentiment déchanter quand tu te retrouveras avec 20 situations à suivre...et que tu pourras à peine en voir la moitié dans le mois...
Tu trouveras absurde d'avoir un jeune à la rue à qui tu diras de revenir dans son département d'origine pour qu'il puisse bénéficier du 115... s'il arrive à les joindre. 
Tu calmeras ta frustration a la "fête de l'huma", un autre monde est possible !
Mais tu continueras à t'étonner des méandres de la préfecture contaminée par un Covid, qui pour le coup rend service à toute l'administration...Enfin, une bonne raison de ne pas rencontrer les gens ?
Mais même si tu t'agaces : boaf, c est sans doute pas grand chose, pour toi petit travailleur social. 
T'acceptes, sous prétexte que tu as l'impression d'être irremplaçable, tu crois que si t'es pas là le monde de la marge va s écrouler...Paradoxale !
Alors, quand même tu es un peu fâché, toute ta colère tu vas la passer à la pause clope, ou alors sur ton chef, peut-être bien sur ton collègue qui vient d'être tout nouveau, tout beau diplômé et qui parle à tout bout de champs comme un coordinateur de projet de vie... 
Comme t'es quand même un peu complexé de ce qu'il raconte : bah tu sortiras toute ta théorie qui croise tout plein de sciences humaines... Bah ouais tu parles bien toi aussi.
Alors bon ! c est trop pour toi : alors t'iras boire des coups dans une manifestation...
Boaf mais ça continuera, 
Toi petit travailleur social, tu n'ai aujourd'hui qu'un tout petit maillon d'une chaîne qui commence très haut alors manif...
Mais parle haut et fort de ce que tu fais, parles en simplement. 
Arrête de ne pas trop avoir confiance en toi... 
Le rapport de force ne passe pas que dans la manif, il est au quotidien, reprendre les petits rien qui ont été subtilisé par des stratégies managériales, théoriques.
La seule théorie que tu as c'est celle de la pratique et des besoins des gens. 

Jérémy 

lundi 8 février 2021

Le monde il est...

Le monde il est fade et gris...Crie, crispe, grince...Le monde il est terne et crade...Gronde, plombe, onde, vite...Le monde il terrorise, intériorise, rumine...salement...confronte, affronte...s'enfonce...

Le monde il est angoissé, il a peur... trop conscient de l'inconscience de ceux qui le peuplent...de ceux qui beuglent, aveuglent...inconsistant...Se prenant pour les maîtres du monde. Pas capable de prendre en compte le tout du vivant...  

Alors le monde, du tout humain il n'en laissera rien, il rejettera, crachera, vomira, brisera, tordra...Ne laissera rien...Juste ce qu'il lui faut pour se survivre, juste le vent, le mouvement, le mou-vent, juste le vif nécessaire pour se-vivre. Alors d'une vibration d'air : l'éternité humaine s'envolera.  

Du haut de son âge il se sera passé une seconde, un clignement de sourcil, un battement d'aile... Pour eux une extinction de masse...

La page se tourne, autre chose,
autre-vent... 

Jérémy 


jeudi 15 octobre 2020

De l'absurde au grotesque !!

 "Quand la raison lucide constate ses limites" Camus...

Parcours d'exil arrivée en France, l'Eldorado...à 20 ans pourquoi pas ? 
Son vagin comme moyen de paiement d'un loyer inaccessible... Une formation parce que c'est ce qu'il faut faire pour s'insérer...pour éviter qu'on lui insère...
Puis une volonté de fer, les ressources intérieures pour ne pas accepter... bien loin des HASHTAGS. 
Alors une bonne claque dans sa gueule, comme un remerciement...un truc bien saignant, un truc ou le pénis tellement frustré qu'elle lui dise non, tente de se rebeller, tente d'affirmer le pire de ce qu'il est...
Un TOUT tellement traumatisant, tellement humiliant au-delà de la douleur physique, des traces invisibles, indélébiles... l'absurde... 
Face à la douleur Impossible de porter plainte...impossible d'être reconnu comme victime...Alors comment se re-construire ?
Puis la rue et le discours GROTESQUE des institutions au service du pouvoir...(Big up à UBUesque !!! ) Kafka le préssentait , Foucault l'a théorisé, elle l'a vécu... :
Le 115...et ses 30 CLIENTS à qui l'ont doit répondre avant elle...ces 2 heures d'attentes dans le meilleur des cas... Puis dernier client...le service raccroche tout à refaire avec une dose de désarroi à la limite du supportable...
Des services missions locales au-ralenti, MDS en surchauffe...CCAS transi de froid...
Une domiciliation nécessaire pour faire les démarches auprès des services de droits communs...Sans quoi rien n'est possible... mais rien n'est possible puisqu'il faut justifier d'une adresse pour bénéficier de la domiciliation, ou alors de 3 mois de présence au sein de la commune...
Pas de soucis elle n'a qu'à demander au mec qui l'a violé et qui lui a défoncé la gueule...  
Alors peut-être bénéficier de la protection des femmes victimes de violences ??... évidement...il faut porter plainte... 
Un dossier SIAO qui flotte, à réactualiser tous les 3 mois au risque d'être expédié aux oubliettes...
Des associations caritatives qui font leur maximum, à qui l'on coupe les budgets, auprès desquelles on se sent obligé de remercier indéfiniment pour le financement de quelques nuitées d'hôtel...  
Puis elle, elle bascule de dispositifs en dispositifs...d'un heureux hasard une période d'essai s'engage...
Alors l’apogée du grotesque s'exprime...le dilemme impossible...contacter le 115 toute la journée pour bénéficier d'un logement ou aller travailler dans les pires conditions...
Les débats sont âpres...Les théories vont bon train...
S’écharper sur un non-dilemme c'est peut être ça le Grotesque, c'est peut être à ça que l'on est biberonné toute la journée...                                                                                        

Jérémy





mercredi 22 juillet 2020

Des mots d'éducs, d'une émotion d'humain, d'une confidence d'ami...


Posés, postés, deux chaises, des bières...
La pluie...Un abri...Fuyant...Mais la pluie ne mouille pas... 
Une discussion...Entre éduc-éduc...Entre ami-éduc...Entre ami-ami...
Alors...Boulot...? Oui...Au déla ? Sans aucun doute... 
Pour l'un remise en question...Après une sale expérience d'un remplacement foyer, foireux...éphémère durant le con-finement... 
Pas capable, plus capable, incapable...devant tant de violence, d'institution, de jeunes entre jeunes, de jeunes envers l'adulte, d'adultes contre jeunes, d'adultes entre adultes...
De doutes...doutes...doutes...
D'un moral pas censé...remonté par des mots d'amis éducs "s'ajuster constamment dans la relation on fait ça tout les jours"...Des mots d'amis qui font sens qui remontent...qui font tilt...qui apaisent...qui pèsent...Et qui restent à ce moment précis. 
Puis en miroir une autre réalité... D'éduc...Une expérience macabre...D'un truc qu'on redoute tous... Mort d'un jeune...Fin...Deuil...? Pudeur pour la famille...Peine...Souffrance...Silence...S'autoriser à être triste ? Difficile quand l'institution t'autorise à être juste "professionnellement triste"... 
Difficile quand l'institution est sans émotion sous prétexte de protéger les professionnelles, difficile quand les sentiments sont humains... 
Alors toute tentative, toute proposition sera visée, vissée...par le psychologue de service pompier des émotions...Là ou la vie doit juste faire son deuil...Là ou le professionnel n'est qu'un humain...
Alors des mots d'ami pour tenter d'apaiser une douleur d'éducs...d'abord....puis d'ami...
Des mots d'éducs, d'une émotion d'humain, d'une confidence d'ami. 

Jérémy 





mardi 7 juillet 2020

Les poète-sses de la relation

Ils s'inspirent, inspirent et incarnent. Ils pratiquent et sont pratiques...
Inné ou acquis...l'un dans l'autre...Pas de mystère !
Ils posent les choses, par instinct, par expérience. 
Ils respirent la confiance, manient les mots pour être compris ou être sur d'avoir compris... 
S'adaptent, jouent de détours, déjouent en joue inlassablement sans lassitude... 
Lisent à travers les lignes... comprennent ce qui se joue et traduisent au commun... 
Respectés, respectable...Ils tricotent sans cesse... Tricotent le lien avec un fil de soie propre à chacun d'entre eux... Tous le même mais chacun sa coloration... 
Pour le mieux sans arrière pensée, juste dans l'instant, pour l'autre...
J'observe... J'admire...J'envie...sans doute un peu...
Sûrs d'eux, pour sûr... Fiable et stable...Mais se posent les questions pas trop, pas moins... 
Osent, prennent des risques, s’inquiètent pour l'autre juste ce qu'il faut... 
Ils sont beaux...Ils sont eux pour l'autre...Loin des caricatures médiatiques d'éducation violente, de super héro ou que sais-je. 
Eux ! Ils se trouvent dans l'ombre... d'une structure, dans le quotidien du travail. Se sont ce dont personne ne s'occupe, qui ne payent pas de mine, mais qui savent avoir une grande gueule quand il le faut... Ce sont ce qu'on écoute quand on débute, qu'on ne comprend pas immédiatement qui nous interroge et qui nous pousse à nous forger une identité professionnelle.

Jérémy






dimanche 19 avril 2020

Fausse note dans la relation...


D'une partition ratée qui commence par une fausse note dans la relation... un p'tit détail...

Un p'tit rien qui décroche...Une note mal posée...pas dans le rythme...
Un temps de retard...Un temps d'avance...Un truc qui sonne mal...qui sonne faux...Un truc gênant à l'oreille. 
Pourtant même si la gamme n'est pas toujours identique et nécessite une constante adaptation...Elle est connue, répétée, discutée, ajustée... 
Ce p'tit rien qui décroche sans doute témoin d'un manque de confiance en soi...
Alors on tente d'hausser le ton...De faire des raccourcis... D'essayer de s'accorder encore et en vain...Et puis on se crispe... 
Alors les choses se tendent encore d'avantage chez nous, chez l'autre...A la limite de la rupture...Du lien...De ce pourquoi on est là... 
Ça ne tien qu'à une fine corde...
Alors, on cherche des excuses...c'est sans doute de la faute de l’instrument, de l'autre, de la salle, d'un mauvais retour son... 
En fait, sensation qu'on ne voit et que l'on entend que cette fausse note... Impression que ça résonne fort chez l'autre que c'est désagréable...il le pointe...s'en joue et en joue...feu...
Puis survient la crainte...Ce p'tit rien se fige dans le ventre...
Alors on essaie encore de répéter en coulisse, on s'acharne, on tourne en rond...le concert est quotidien alors on comptera une fois de plus sur l'orchestre... 

Jérémy